Comprendre les niveaux de langue : du A0 au C2
- EspaceProfFLE

- 5 sept.
- 9 min de lecture
D’où viennent les niveaux A0 – C2 ?
L’histoire des niveaux de langue que nous utilisons aujourd’hui commence dans les années 1970, au Conseil de l’Europe. À cette époque, les chercheurs et pédagogues cherchent un outil commun pour comparer les compétences linguistiques dans différents pays.
En 2001, l’année européenne des langues, le CECRL (Cadre européen commun de référence pour les langues) est officiellement adopté. Il définit des niveaux de compétence (A1 à C2), décrivant ce qu’un apprenant peut faire dans une langue étrangère. Depuis, ces niveaux servent de référence universelle : examens (DELF, DALF, TCF…), manuels scolaires, programmes universitaires et même offres d’emploi. Aujourd’hui, on ajoute souvent un niveau A0, destiné aux grands débutants qui n’ont jamais appris la langue.

Les niveaux expliqués
A0 – Grand débutant : ne connaît aucun mot ou presque, incapable de comprendre ou produire des phrases simples.
A1 – Débutant : peut comprendre et utiliser des expressions familières, se présenter, poser des questions simples, communiquer si l’interlocuteur parle lentement.
A2 – Élémentaire : peut comprendre des phrases isolées, parler de sa vie quotidienne, faire des achats, décrire son environnement immédiat.
B1 – Intermédiaire : comprend les points essentiels d’une conversation claire, peut se débrouiller en voyage, raconter une expérience, exprimer une opinion simple.
B2 – Intermédiaire avancé : comprend les idées principales de textes complexes, peut interagir avec aisance et spontanéité, défendre un point de vue détaillé.
C1 – Avancé : maîtrise des textes longs et exigeants, capacité à s’exprimer de façon fluide, nuancée et spontanée.
C2 – Maîtrise : compréhension et expression quasi natives, aisance totale dans tous les contextes (professionnels, académiques, culturels).
Les niveaux racontés… côté professeur
Ok, ça c’est la théorie. Mais que signifient réellement ces niveaux pour nous, professeurs de langues, quand nous avons un élève en face de nous ? Comment reconnaître un A1 d’un A2, ou distinguer un B1 d’un B2, dans une situation concrète de classe ?
Ici, nous quittons les définitions abstraites du CECRL pour entrer dans la pratique : ce que l’élève sait faire, ce qui lui manque encore, et comment l’accompagner efficacement dans son parcours.
A0 – Le grand débutant absolu
Votre étudiant n’a jamais pris de cours de français. Peut-être a-t-il fait un essai rapide sur Preply ou regardé deux vidéos YouTube, mais c’est tout. Il connaît des mots isolés comme café, croissant… et parfois une phrase toute faite, mal prononcée ou mal comprise (Voulez-vous coucher avec moi ?).
Ce qu’il ne sait pas : aucune notion de grammaire, pas de règles de prononciation, aucune stratégie d’apprentissage en français.
Comment commencer : partez de ce qu’il connaît déjà. Faites-le répéter quelques mots de base, en travaillant la prononciation. S’il parle italien ou espagnol, montrez-lui les ressemblances pour l’encourager. Le Module 1 – Leçon 0 est idéal : notions de base, salutations, mots connus. Avancez très lentement.
Nos fiches pour le niveau A0
A1 – Le niveau de survie
Votre étudiant connaît déjà l’alphabet, sait se présenter, dire son âge, commander un verre d'eau ou demander son chemin. Il comprend si vous parlez lentement, mais se bloque dès que la phrase est trop longue.
Ce qu’il ne sait pas : conjuguer correctement, distinguer passé/présent/futur, construire une phrase un peu complexe.
Comment travailler : privilégiez les dialogues très concrets : au restaurant, à la gare, à l’hôtel. Donnez-lui des automatismes (questions fréquentes, réponses toutes prêtes). Introduisez doucement et graduellement la grammaire de base (présent, articles, négation).
Comment procéder ? Suivez notre Axe des activités.
Nos ressources pour le niveau A1.
A2 – Le quotidien
Votre étudiant peut parler de lui, raconter ce qu’il fait, poser des questions simples. Il sait écrire un petit message WhatsApp ou un mail basique. En revanche, il répète souvent les mêmes structures.
Ce qu’il ne sait pas : nuances de vocabulaire, temps composés, conjugaison irrégulière.
Comment travailler : élargissez son univers : décrire une journée de travail, raconter un week-end, donner son opinion simple. Utilisez beaucoup de mises en situation pratiques (au supermarché, chez le médecin). Introduisez progressivement des récits au passé.
Nos ressources pour le niveau A2.
Quelles sont les différences principales entre A1 vs A2 ?

Compréhension
A1 : comprend des mots/phrases mémorisés sur des besoins immédiats si l’on parle lentement et clairement.
A2 : comprend des phrases courantes et des annonces simples sur la vie quotidienne (prix, horaires, indications).
Interaction
A1 : enchaîne des formules de survie (Je m’appelle…, Je voudrais…, C’est combien ?).
A2 : soutient un échange routinier (shopping, médecin, transports), pose/relance des questions simples, vérifie qu’il a compris.

Production
A1 : listes de mots + mini-phrases ; très peu de connecteurs.
A2 : phrases reliées par et/mais/parce que ; peut décrire et raconter très simplement (présent + passé composé basique).
Écrit
A1 : formulaire, carte postale ultra simple.
A2 : court message organisé (mail simple avec motif, date, demande).
Erreurs typiques
A1 : omissions massives (articles, accords), intonation/prononciation hésitantes.
A2 : confusion temps/aspect (passé composé), accords encore instables mais intelligibilité acquise.
Mini-test :
Demander : « Racontez votre dernier week-end en 4–5 phrases. »
A1 reste au présent, phrases isolées.
A2 produit 4–6 phrases reliées, passé composé (avec erreurs tolérables), idées claires.
B1 – L’indépendance
Votre étudiant se débrouille seul en France : il peut voyager, demander un renseignement, expliquer un problème, tenir une petite conversation.
Ce qu’il ne sait pas : exprimer des nuances, argumenter, gérer un débat. Son vocabulaire reste limité et ses erreurs grammaticales persistent.
Comment travailler : développez les récits au passé, encouragez-le à donner des opinions, même maladroitement. Proposez des discussions sur ses centres d’intérêt : films, sport, actualité simple. Le but est d’oser parler avec de plus en plus de fluidité.
Nos ressources pour le niveau B1
B2 – La spontanéité
Votre étudiant suit des conversations naturelles sans difficulté majeure. Il peut plaisanter, exprimer ses émotions, donner un avis détaillé. À ce stade, il comprend déjà la radio, les séries, les articles de presse.
Ce qu’il ne sait pas : certaines subtilités culturelles, le vocabulaire spécialisé (administratif, académique), les expressions idiomatiques.
Comment travailler : introduisez des débats, des articles d’opinion, des vidéos plus rapides. Corrigez ses erreurs de précision (depuis / pendant / il y a), travaillez les connecteurs (cependant, en revanche, par conséquent). Amenez-le à défendre un point de vue structuré.
Nos ressources pour le niveau B2.
Quelles sont les différences principales entre B1 vs B2 ?

Compréhension
B1 : capte les points essentiels d’un discours clair sur des sujets familiers ; suit un journal facile.
B2 : comprend les idées principales de textes/discours plus complexes, y compris discussions abstraites ou techniques dans son domaine.
Interaction
B1 : se débrouille en voyage, explique un problème, donne une opinion simple.
B2 : interagit avec spontanéité et aisance ; l’échange avec des natifs ne demande pas d’effort particulier des deux côtés, même si le vocabulaire reste restreint et le discours n'est pas toujours naturel.

Production
B1 : texte simplement connecté sur ses intérêts ; récit au passé gérable.
B2 : texte clair et détaillé ; argumentation structurée, pour/contre, nuances et comparaisons.
Langue
B1 : vocabulaire fonctionnel, connecteurs de base (d’abord, ensuite, parce que).
B2 : connecteurs variés (cependant, en revanche, par conséquent, bien que), plus grande précision lexicale.
Erreurs typiques
B1 : accords/temps encore instables, périphrases pour contourner un manque lexical.
B2 : erreurs moins fréquentes, surtout en contexte complexe ; gestion de l’implicite en progrès.
Mini-test :
Tâche : « Donnez votre avis sur le télétravail (avantages/limites) et concluez. »
B1 : énumération d’idées, structure simple, peu de nuances.
B2 : thèse-antithèse, connecteurs variés, choix de vocabulaire assez pertinent, exemples concrets, conclusion explicite.
C1 – La confiance
Votre étudiant parle avec fluidité, suit un cours magistral, écrit un essai ou un rapport. Il comprend les sous-entendus, l’ironie, les nuances.
Ce qu’il ne sait pas : il reste parfois « scolaire », trop formel, manquant de naturel.
Comment travailler : privilégiez les documents authentiques : articles de presse, podcasts, débats, émissions télévisées. Encouragez-le à s’entourer de la langue au quotidien : lire en français, regarder la télévision, écouter la radio, suivre des séries. L’objectif est de se laisser imprégner par la langue vivante telle qu’elle est produite par les locuteurs natifs. Demandez-lui aussi de nuancer ses propos (Certes… mais…), et de rédiger des textes longs et argumentés. L’accent est mis sur la précision et la richesse stylistique.
Nos ressources pour le niveau C1.
C2 – La maîtrise
Votre étudiant s’exprime avec une aisance quasi native : il peut animer un débat, rédiger un article scientifique ou encore donner une conférence. Il comprend pratiquement tout ce qu’il lit ou entend, y compris les nuances culturelles, l’humour et les sous-entendus.
Ce qu’il ne sait pas : il lui reste parfois quelques petites maladresses idiomatiques ou stylistiques, ainsi qu’une sensibilité moins intuitive aux registres informels et aux références culturelles implicites.
Comment travailler : affinez le style et enrichissez l’idiomaticité. Proposez des documents exigeants (littérature, tribunes d’opinion, chroniques spécialisées), exposez-le à différents registres (du langage académique à l’argot), et invitez-le à fréquenter régulièrement des cercles de discussion ou des environnements 100 % francophones. Encouragez-le à se laisser imprégner par la langue dans toute sa diversité : lectures, débats, podcasts, humour, conversations quotidiennes. L’objectif est d’atteindre une maîtrise non seulement grammaticale et lexicale, mais aussi culturelle et pragmatique, proche de celle d’un natif.
Nos ressources pour le niveau C2.
Quelles sont les différences principales entre C1 vs C2 ?

Compréhension
C1 : comprend des textes/discours exigeants, implicite, ironie fréquente.
C2 : comprend pratiquement tout, y compris propos rapides, dialectaux ou fortement allusifs ; reconstruit des arguments complexes.
Production
C1 : expression fluide et nuancée, style adapté au contexte, plan solide.
C2 : expression très précise, idiomatique, graduation fine des registres, reformulation et médiation impeccables.
Écrit
C1 : essais, rapports bien structurés, style maîtrisé.
C2 : synthèses multi-sources, réécriture d’un texte avec changement de registre/visée, pastiche de style.

Erreurs typiques
C1 : rares maladresses (collocations, registres parfois trop “scolaires”).
C2 : erreurs sporadiques seulement en zones ultra-fines (idiomatismes rares, jeux de mots).
Mini-test
Tâche : donner un résumé-synthèse de deux courts articles aux angles opposés, puis proposer une position personnelle nuancée.
C1 : bonne synthèse, arguments hiérarchisés.
C2 : mise en perspective (cadres, sources), repositionnement lexical précis, concessions, reformulations élégantes.
Et quelle est la différence entre le niveau C2 et un locuteur natif ?
Ce que C2 et un natif partagent
Compréhension quasi totale, grande aisance, gestion des registres, argumentation avancée.
Ce qui distingue souvent un natif
Intuition idiomatique et collocations ancrées dès l’enfance (prendre une claque, filer à l’anglaise).
Prosodie/accent et micro-rythmes du discours (enchaînements, élisions spontanées).
Maîtrise de tous les registres sociaux (argot local, verlan, sociolectes professionnels, humour contextuel).
Connaissances culturelles implicites (références, sous-entendus générationnels, jeux de mots).
Un C2 peut surpasser nombre de natifs à l’écrit formel/academique ; la différence réside surtout dans l’idiomaticité spontanée, la vitesse d’accès lexical et la connaissance fine des registres informels.

CECRL et son adaptation pédagogique (A0–C2)
Niveau | Formulation officielle CECRL* | Adaptation pédagogique (côté prof) |
A0 | (non défini par le CECRL) | Grand débutant absolu. Connaît quelques mots isolés, aucune notion grammaticale ni de prononciation. Commencer très doucement : alphabet, salutations, chiffres, mots transparents (surtout s’il connaît une langue latine). |
A1 | Peut comprendre et utiliser des expressions familières et quotidiennes ainsi que des énoncés très simples… | Sait se présenter, demander des informations basiques, commander au restaurant. Ne sait pas encore conjuguer correctement ni gérer des phrases longues. Travailler sur dialogues pratiques et grammaire de base. |
A2 | Peut comprendre des phrases isolées et des expressions fréquentes en relation avec des domaines de priorité immédiate… | Peut parler de son quotidien, écrire un message simple, raconter ce qu’il fait. Limité sur les temps verbaux et nuances. Travailler récits au passé et situations de la vie courante. |
B1 | Peut comprendre les points essentiels quand un langage clair et standard est utilisé… Peut se débrouiller dans la plupart des situations rencontrées en voyage… | Se débrouille en voyage, raconte une expérience, exprime une opinion simple. Ne sait pas encore nuancer ni argumenter. Travailler la fluidité, les récits au passé et les opinions personnelles. |
B2 | Peut comprendre le contenu essentiel de sujets concrets ou abstraits dans un texte complexe… Peut s’exprimer de façon claire et détaillée… | Discute spontanément, comprend films/articles, donne un avis structuré. Manque de précision et de vocabulaire spécialisé. Travailler connecteurs, expressions idiomatiques, débats. |
C1 | Peut comprendre une grande gamme de textes longs et exigeants… Peut s’exprimer de façon spontanée et fluide sans trop chercher ses mots… | Parle couramment, suit des cours universitaires, rédige des essais. Risque d’un style trop scolaire. Travailler la nuance, la spontanéité et la richesse stylistique. |
C2 | Peut comprendre sans effort pratiquement tout ce qu’il/elle lit ou entend… Peut s’exprimer spontanément, très couramment et de façon précise… | Maîtrise quasi native. Peut donner une conférence, écrire un article scientifique, participer à un débat télévisé. Travailler l’élégance du style et les dernières subtilités culturelles. |
* D’après : CECRL, Conseil de l’Europe, 2001 / Volume complémentaire 2020.

Nous espérons que cet article vous aidera à mieux identifier les niveaux, à calibrer vos supports et à suivre la progression de vos apprenants.
Si vous avez vos propres observations, indicateurs ou retours d’expérience, veuillez les partager dans les commentaires : vos contributions enrichiront ce guide et bénéficieront à toute la communauté des professeurs de FLE.
À vous lire !












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